La mobilisation pour la commémoration du centenaire du génocide des Arméniens se devait d’être exceptionnelle. Elle le fut à bien des égards. Dès 17h, ce vendredi 24 avril 2015, bien avant l’heure officielle du rendez-vous, une foule dense se massait au jardin du Peyrou. Il y avait des Arméniens d’âges et d’horizons différents, mais aussi de nombreuses personnes venues participer à cette marche par sympathie, pour réclamer la reconnaissance du génocide des Arméniens…
Tous portaient des bougies et arboraient l’anmoroug, la fleur de myosotis, symbole de tous les événements et manifestations consacrés au centenaire. Sous les yeux des passants relégués aux trottoirs encombrés, le convoi s’élança vers l’Esplanade Charles de Gaulle en brandissant des portraits des rescapés ainsi que des pancartes réclamant reconnaissance, justice et réparations. Passant par la rue Foch, puis la rue de la Loge où, en signe de soutien, des musiciens de rue entonnèrent la marche funèbre de Chopin, les manifestants traversèrent la Place de la Comédie pour arriver à l’Esplanade. Une foule encore plus nombreuse les y attendait pour la cérémonie de commémoration officielle à laquelle prenaient part les anciens combattants, les représentants des autorités publiques et des associations arméniennes.
Le professeur Gérard Dédéyan, de l’Université Paul Valéry et président d’honneur de l’Amicale de Montpellier et de la Région, fut le premier à prendre la parole. Il présenta les faits historiques, s’attardant sur la préméditation et la volonté d’anéantissement total des autorités ottomanes, qui font de ce crime contre l’humanité le premier génocide du 20ème siècle.
Il fut suivi par Karen Mkhitaryan, président de l’Amicale, qui rappela dans son discours l’héritage moral légué par les survivants et la responsabilité de transmission que la troisième génération assumait à présent, en s’engageant à combattre pour la reconnaissance du génocide des Arméniens et à condamner tous les crimes contre l’humanité. Le troisième orateur fut M. Jean-Paul Tahmazian, président de l’association “Arménie Vivante”, qui dressa un tableau sans concession de la politique répressive et négationniste de la République turque et qui mit en évidence la nécessité d’une loi contre la négation des génocides. Puis M. Philippe Saurel, maire de Montpellier, souligna la nature juste du combat pour la reconnaissance et rappela que la terre de Montpellier est une terre amie pour les Arméniens. Comme le veut l’usage, les discours furent suivis du dépôt de gerbes, bien plus nombreuses en cette année de centenaire. La sonnerie aux morts retentit, suivie par une minute de silence à la mémoire de toutes les victimes du génocide des Arméniens.